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Fouine & Merou in SA
10 décembre 2008

Cite Perdue suite

LM reprend la suite du recit vu qu'une scission avec Olivier s'est mise en place (cf ses problemes intestinaux; si besoin de plus de precisions, je vous laisse le soin d'ecrire a la famille au milieu de nulle part qui l'a soigne avec des plantes)

Au debut de la montee du 2eme jour, j'apprend par le cuisinier-guide que ma vieille fouine ne peut continuer. Je lui demande si il m'a laisse un message pour savoir si je dois le rejoindre ou si je peux continuer seul l'aventure. Pas de missives, je continue donc. On est donc plus que 7 (P-3). Ca monte, ca monte, ca monte!!! C'est mortellement dur, plusieurs fois j'ai eu des etoiles dans les yeux, mais les paysages sont tellement incroyables que je force comme un con.
Je suis dans un groupe de malade mentaux, car on force toujours pour passer le plus vite possible les etapes.

Plusieurs infos contextuelles sont a donner maintenant:
- Avant l'arrivee des espagnols, ces terres etaient le lieu des Tayronas (civilisation relativement developpee qui a construit la cite perdue et d'autres villes toujours perdues dans la foret aujourd'hui, qui ont elabore des systemes d'irrigation, de drainage, d'agriculture efficaces).
Durant les guerres contre les espagnols, les Tayronas de la cote ont fui en direction de la montagne en portant tous les maux pathologiques europeens (notamment maladie telle la grippe) aux collegues de la montagne. Les Tayronas tentent de fuir encore plus loin, mais leur declin a commence.
Ils se diviseront en 4 groupes qui ont vaguement survecu jusqu'a aujourd'hui. Les Koguis (peuple le plus proche des Tayronas car ils tentent de garder les traditions de leurs ancetres et qui habitent toujours la region), les Wayus (habitants de l'actuelle Guajira, cf mon precedant blog concernant le voyage de Maracaibo a Riohacha et cf le message suivant) et 2 autres dont le nom m'echappe.
- La region etait jusque dans les annees 70 un immense champ de cannabis, puis s'est transforme en immense champ de coca. Tout cela controle par les paramilitaires. Il y a peu de temps, le chef para de la region a rendu les armes et l'armee a tout detruit. Ce qui a apauvri considerablement la population qui doit actuellement se tourner vers la culture plus difficile d'autres legumes et vers le tourisme. C'est impressionnant d'imaginer que chaquer ferme que l'on voit au mileu de ces montagnes au milieu de ces forets tropicales etaient des fermes de coca. Cela dit, il y a toujours des paras (habilles en civil) qui controlent encore vaguement le coin, notamment via leur controle des agences de voyage. En gros, personne ne peut nous dire ou part notre l'argent que l'on paye pour le trek...
Si besoin de plus d'informations, n'hesitez pas a m'envoyer un e-mail.

Retour au trek: on traverse un village de Koguis avec explication du cuistot (car le guide a accompagne LF au camp 1 et ne nous a pas encore rejoint) sur les coutumes des natifs. On continue a monter, et enfin une bonne pause avec ananas frais au bord d'une riviere. En debut d'apres-midi, nous arrivons au camp 2. Bain dans une riviere, diner, sieste, souper et nous ecoutons attentivement les recits du guide sur l'histoire de la region avec les conflits politiques, les cultures de coca, etc... Passionnant. Vu que mes collegues anglophones ne parlent pas un mot d'espagnol (vive ce genre de tourisme sans se meler a la population locale...), c'est bibi qui joue au traducteur!

3eme jour de marche: un autre collegue, trop malade et effraye par l'histoire du jeune anglais mort d'avoir marche trop vite et de n'avoir pas recupere, reste au camp 2 (P-4). On commence par un passage relativement difficile sur une petite falaise avec pierres en pente et mouillees... Sans notions de grimpe, il faut s'accrocher pour suivre le chemin sans glisser... Ensuite, une autre montagne a passer, puis on remonte une riviere en la traversant en tout 8 fois... A chaque fois, eau jusqu'a la taille a lutter contre le courant! C'est juste genial. Il va sans dire que ni le chaussures, ni les habits n'ont jamais le temps de secher a cause de l'humidite ambiante. On profite des rivieres pour vider et nettoyer les chaussures du sable et de la boue qui y rentre, pour nous nettoyer de la transpi et pour laver le t-shirt des que l'on peut.
Finalement on arrive a l'entree de la Cite Perdue qui se decrit simplement par des marches qui partent de la riviere et qui montent dans la jungle. Quand je dis des marches, c'est 1'900 marches... et pas des marches de cathedrale bien regulieres, mais une marche qui fait 10 cm de haut, suivie d'une autre qui en fait 45 et bien sur ultra glissantes car mouillees... C'est juste mortel comme exercice. Je monte a mon rythme sans pouvoir suivre mes collegues qui sont tellement presse d'y arriver qu'ils courent. Apres une petite pause aux premiers socles de maisons (en pierre, et c'est tout se qui reste des maisons), nous arrivons 1 heure apres la riviere sur la place centrale au milieu de la Cite Perdue! Egalement au milieu de militaires securisant le site. On va poser les affaires au campement, dinons (le cuisinier a vole jusque la, quasiment sans se fatiguer... hallucinant leur condition physique) puis visite culturel du lieu avec le guide.

DSC08571

 

Il nous racconte l'histoire (contruite entre l'an 700 et 1100), les coutumes de Tayronas, les autres sites toujours invisibles caches dans la jungle, les chercheurs d'or qui l'ont decouverte et l'ont pillee dans les annees 70, l'arrivee des touristes, le refus des 4 communautes descandant des Tayronas de prendre l'or pour le mettre en musee (pour eux, l'ame des morts reste avec l'or, donc mettre l'or en musee, c'est mettre l'ame en prison), les paras qui ont mis le hola aux premieres visites touristiques desorganisees et qui ont cree la 1ere agence de guide, etc, etc. J'avais juste l'impression d'etre dans un reve, enivre par la beaute du paysage et par l'histoire de la region!

DSC08548

Apres une nuit relativement fraiche avec de forts vents poussant la pluie jusque dans les lits, nous entamons la descente et voulons rejoindre directement le camp 1!  Donc, c'est une journee de course! On arrive epuise au camp 1 (on a repris le camarade malade au camp 2 et 2 autres ont de la peine a suivre a cause de problemes de genoux et de problemes intestinaux)
Au camp 1, mes collegues ayant besoin d'un traducteur, me payent la visite d'un truc, qui pour des raisons de securite personnelle doit rester secret...
J'esperais que LF soit toujours au camp 1 et je deviens tout decu de ne pas le trouver.

Dernier jour: on se leve tres tot, pour faire le dernier troncon du trek. On arrive relativement fatigue (?!) au village! Sur les 10 du depart, on n'est que 3 a finir le trek entier! Le pire a ete de continuer sur la piste (detruite par la pluie et les eboulis, cf photo) qu'on croyait plate et qui en fait montait durant plus d'1 heure pour rejoindre la chiva pour Santa Marta! Ou je retrouve enfin ma fouine adoree!

DSC08591

Conclusion: Avec l'ecole de recrue, c'est l'experience la plus physique de ma vie. On avait en plus un tel rythme qu'il fallait un excellent physique et un moral d'acier. Toujours mouille, sur des chemins impraticables, on traverse des rivieres, on marche dans la boue qui remplit les chaussures, on tombe, on se fait mal, on continue, on monte, on glisse, etc...
Mais c'etait juste GENIAL!
Le seul hic, c'est qu'avec les mecs avec qui j'etais, qui etaient toujours en train de parler fort, je n'ai jamais pu voir plus que quelques lezards, serpents, passeraux et quelques aras de tres loin. Pas de singes ou autres grands animaux :-(



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Commentaires
T
Voici un livre illustré "Tisserand du soleil" qui est un hommage aux Kogis.<br /> <br /> Ce conte poétique de Kathy Dauthuille parle des coutumes de ce peuple-racine et de la Cité perdue :<br /> <br /> <br /> <br /> http://kathy.dauthuille.free.fr/Tisserand.htm<br /> <br /> <br /> <br /> Il pourrait vous intéresser.<br /> <br /> <br /> <br /> Cordialement
B
Superbe récit, vraiment magique comme excursion….un vrais roman de notre ami<br /> Indiana.<br /> Oui un rêve que tu nous donnes dans tes explications.<br /> Merci
Fouine & Merou in SA
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